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Le Prince de Nubie

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lundi 16 mai 2005, par Celui qui appelle dans les Ténèbres

Scénario d’introduction dans la France des années 1920, où les investigateurs assistent à l’ouverture du premier sarcophage découvert en Nubie, et ce qui en découle...


Le Prince de Nubie


Un Scénario pour AdC
(3 à 6 investigateurs débutants)
par GEOFFREY GUNTZ



Notes préliminaires :




Ce scénario est prévu pour une introduction au monde H.P. Lovecraft. Par conséquent, les actions qui pourraient être échouées par les investigateurs seront le lot de personnages non-joueurs ; cependant il est possible d’augmenter la difficulté en supprimant ces aides.
Le groupe doit comporter un archéologue ou professeur d’histoire.
Aucun matériel autre que les dés, les fiches de personnages et le livre de base édition 5.0 n’est nécessaire.
Le scénario se déroule en France, dans la période de jeu 1920.
Le quartier Mont-Désert est un quartier fictif de Paris, dans lequel se déroulent tous les évènements du scénario (excepté l’internement de Blanchard père). Il n’est pas besoin de lui donner ici une forme particulière, chaque Gardien pouvant le modeler comme il le souhaite. Il peut ressembler à une rue principale où aboutissent cinq ou six rues secondaires, comme les affluents d’un fleuve. Il faut ensuite y disséminer les quelques lieux importants, l’Institut J.F. Champollion, le Café d’Alger situé juste en face, l’Association des Entomologistes Amateurs, la Gendarmerie et quelques hôtels dont le Chat Noir.

Résumé de l’intrigue :



Les personnages vont assister à l’ouverture d’un ancien sarcophage dans lequel se trouve un scarabée d’or. Ils auront des ennuis lorsque le bijou disparaîtra, et enquêteront pour déterminer qui a commis le vol. Cependant il n’y a aucun coupable, le scarabée étant une créature vivante et immortelle. Alors qu’ils sont sur le point de mettre la main dessus, ils se heurtent à une mystérieuse organisation de collectionneurs d’insectes.

Le contexte historique :



Lord Carnavon, Carter et leur équipe viennent de mettre à jour le tombeau de Toutankhamon, c’est une révolution dans le monde de l’archéologie. Cette découverte inquiète les hauts cercles scientifiques français, car le rayonnement de la France amorcé par Champollion dans ce domaine s’en trouve fortement diminué. C’est pourquoi le gouvernement commande et finance expédition sur expédition, afin que la France ait "sa" momie.
En août 1923, c’est enfin la consécration. Une équipe découvre complètement par hasard un mastaba renfermant un sarcophage, en Nubie, c’est-à-dire à trente kilomètres au sud des frontières de la Haute-Egypte. Aucune momie n’ayant été découverte dans cette région auparavant, le retour s’annonce couronné de succès. Le 28 août, le professeur Eric Richard et son collaborateur Francis Fougère débarquent à Marseille et prennent un train qui doit les convoyer avec le produit de leurs fouilles à Paris aux alentours de 21h00.

Implication des personnages joueurs :



Elle se fait par le biais d’Antonin Blanchard. Il s’agit du fils de Stéphane Blanchard, éminent égyptologue et doyen de l’institut J.F. Champollion ; c’est là que l’investigateur archéologue a fait ses études, dans la même promotion qu’Antonin qui est son ami. Le 26 août, il lui envoie le télégramme suivant :
"Si tu as envie de participer à la plus formidable découverte de cette décennie, je t’invite à me rejoindre au Café d’Alger le 28 août à 14h00.
Ton ami, Antonin."


Le Café d’Alger se trouve juste en face de l’Institut. C’est le lieu à la mode dans ce coin de la capitale ; il a été décoré avec des éléments du pavillon algérien de l’Exposition Universelle de 1900, et certains des figurants ont été embauchés pour faire le service. A cette époque de l’année, de nombreuses tables ont été rajoutées sur le trottoir, protégées par une tonnelle de tissu blanc ample qui flotte en claquant.
Antonin attend devant un gobelet de thé à la menthe, seul à une petite table. Il porte un costume crème et un chapeau saharien clair. Antonin a 35 ans, c’est un homme raffiné et un célibataire envié. Le teint mat, les cheveux bruns, des yeux noisette et une barbe de deux jours, il a un port noble et de bonnes manières. Son visage habituellement paisible est cette fois-ci marqué par la préoccupation.
Après une brève exposition des travaux de l’expédition Richard-Fougère, il proposera à son ami de venir assister à l’ouverture du sarcophage, dans la salle de conférence de l’Institut, vers 22h30. Sa préoccupation est due à l’état de son père. Il faisait partie de l’expédition en tant que consultant et a apparemment pris un mauvais coup de soleil sur la tête. Il est actuellement en repos à la maison de santé de St-Louis, à quelques kilomètres à l’extérieur de Paris, et passe ses journées à se morfondre dans d’obscurs délires.
Il n’est pas difficile d’intégrer les autres investigateurs à la mise à jour des découvertes ; un journaliste sera chargé de couvrir les événements, un bibliothécaire pourra travailler dans cette même université... Bien que la session ne soit pas ouverte au public, il suffit de connaître quelqu’un qui a une bonne raison d’être là pour entrer. Les amis sont donc les bienvenus.

Une révolution dans l’approche de la
civilisation nubienne ?




Les professeurs Richard et Fougère sont extrêmement fiers de leur découverte, et ils tiennent à amasser des foules. Tandis que la T.S.F. vante leur mérite, ils sillonnent les rues de Paris sur un char, assis sur leurs caisses, et lèvent les bras dans une attitude victorieuse. Le trajet prend fin devant l’Institut, et après quelques déclarations prétentieuses à la presse, ils pénètrent dans l’université par l’entrée principale, suivis par des porteurs qui acheminent péniblement le matériel, une longue caisse de 2x0.6x0.6m et deux plus petites, cubiques.
Une table d’opération a été disposée dans la salle de conférence afin d’autopsier la momie. C’est la plus grande caisse qui contient le sarcophage de pâte de papyrus, tandis que les petites renferment les objets trouvés dans la salle funéraire, le tout étant daté de 4000 ans environ. Il s’agit d’un très beau khopesh ouvragé de pierreries, un masque d’or orné de piquants, un bouclier d’or également, des statuettes d’art africain traditionnel taillées dans un bois très dur, et quelques jarres contenant de la poussière de pétales de fleurs, des traces de sang animal séché, les restes des viscères putréfiées du mort, et des offrandes sous forme d’aliments. Reste à analyser la momie.
Tout ce qui ne sera pas mis en lumière par les investigateurs pourra l’être par l’un ou l’autre professeur.
La momie étant dans un état particulièrement épouvantable, les investigateurs qui ne seraient pas archéologue ou légiste perdront 1/1d4 SAN. Des traces violacées aux poignets et aux chevilles (jet en médecine) indiquent que la momie a été ligotée au moment de sa mise en sarcophage, même si les liens sont depuis longtemps tombés en poussière. La bouche a été grossièrement cousue et la mâchoire est affreusement déboîtée, comme si le mort avait cherché à hurler après la ligature. Il y a une profonde dépression de chaque côté du crâne. Si l’on y souffle pour faire voler la poussière (jet en Idée) il se trouve qu’en réalité la tête est percée de part en part par un trou circulaire extrêmement régulier, qui a dû nécessiter un objet très tranchant et précis. Cette trépanation est surprenante (jet en Histoire) en effet les Egyptiens vidaient la cervelle de leurs morts par la cavité nasale, et la technique nubienne semble différente, s’il s’agit d’un Nubien.
Une lame aiguisée peut trancher les fils épais qui soudent la bouche. Au lieu d’y trouver une pièce d’or comme c’est la coutume (jet en Histoire) pour permettre le payement du passage du Styx à l’âme du défunt, on y découvre un cartouche de quelques centimètres de long. Les inscriptions déchiffrées (jet en Hiéroglyphes) disent : "Amon est le maître de la vie." ce qui peut être interprété de deux manières (jet en Idée) : soit Amon vit éternellement, soit les morts placent leur âme dans ses mains en toute confiance. La momie présente enfin quelques ornements de valeur, une douzaine de fins bracelets d’or autour des poignets, des chevilles et du cou, deux boucles d’oreille de saphir et un énorme scarabée d’or de 15cm de long dont les pattes recourbées sont plantées profondément dans le torse. Cette pièce est particulièrement remarquable de par sa finesse, les pattes étant entièrement articulées.
Une fois l’inventaire terminé, les explorateurs laissent tout en plan et proposent d’aller boire le brandy dans le fumoir de l’université pour échanger leurs impressions. Ils ne cesseront alors de s’attribuer chacun personnellement tout le mérite de la découverte et le "flaire de l’archéologue" qui les a orientés hors des frontières d’Egypte. A deux heures du matin, tout le monde est prié de bien vouloir quitter les lieux, sauf ceux qui ont leur chambre dans les locaux de l’Institut, Blanchard fils, Richard et Fougère.

La disparition du précieux scarabée :



Les investigateurs seront probablement chez eux ou à l’hôtel le lendemain matin. Ensemble ou individuellement, ils sont réveillés par deux officiers de la gendarmerie qui les prient de les suivre à leur caserne. Là-bas, on les soumet à un interrogatoire : le scarabée d’or a été dérobé la veille, et Fougère n’a pas hésité à produire un témoignage ignominieux dans lequel il déclare que les investigateurs avaient toisé le bijou avec une profonde convoitise... La parole d’un respectable professeur d’université est bien entendue très difficile à contredire. Quant aux autres professeurs, Blanchard fils est parti tenir une conférence de presse en Suisse et Richard est déjà reparti en Afrique, pour des fouilles paléontologiques au Kenya. Ne possédant pas vraiment de preuves, les gendarmes devront relâcher les investigateurs après une ou deux heures, mais ils ne peuvent pas quitter la région.
A la sortie de la gendarmerie, les investigateurs seront harcelés par un journaliste qui se présente comme Thomas Azelequin, reporter au Petit Gavroche. Il s’agit d’un imposteur, et il suffira de passer un coup de fil à la rédaction du journal pour s’en rendre compte. Ce jeune homme roux, bedonnant, claudiquant, au menton fuyant et aux yeux magnétiques travaille à l’Association des Entomologistes Amateurs, il fera parler de lui à nouveau avant la fin du scénario.
Au cours de la nuit, le scarabée s’est en réalité réveillé et envolé vers la chambre de Fougère. Ensuite, il a foré une galerie dans sa tempe et s’est confortablement installé dans son cerveau... Fougère a quitté sa chambre à l’université et s’est installé provisoirement à l’hôtel. Il a des accès de lucidité et se prend pour un homme traqué. C’est pour le compte d’une secte qu’il est allé rechercher le scarabée en Nubie, une secte qui l’avait localisé à partir de textes anciens.

La maison de santé :



Le professeur Blanchard a été placé dans une chambre de grande taille, il est veillé en permanence par quatre garde-malades dont son majordome Hubert. Il a les yeux de son fils, et un visage buriné encadré d’une chevelure et d’une barbe d’un blanc laiteux, emmêlées et hirsutes car il se débat dans son délire depuis plusieurs jours et ne se laisse pas toucher. Dans ses propos incohérents revient souvent la même phrase :
"Le prince de Nubie est revenu... je le savais... je l’avais lu dans les étoiles !"
Tout archéologue qui entend cette phrase, s’il réussit un jet d’idée à -20%, y verra une allusion aux Etoiles Errantes, ouvrage de Chams Al-Dîn Muhammad Al-Bakrî (N.D.A. ce livre existe véritablement, mais les passages cités sont inventés). Voir le paragraphe consacré à ce livre ci-après.
Il est également possible d’apaiser le professeur en réussissant coup sur coup un jet de Psychanalyse à -15% et un jet de persuasion à -10%. Dans ce cas, il donnera en tremblant une version de la chronique de l’expédition beaucoup moins idyllique que celle de Richard et Fougère. D’abord l’ambiance était tendue, car c’est Fougère qui a imposé au groupe contre toute logique d’obliquer vers la frontière sud. Il prétendait se fier uniquement à son instinct. Il a même menacé Blanchard avec son revolver. Lorsqu’ils ont approché du Mastaba nubien, les porteurs touaregs se sont enfuis, pris de panique, ils criaient à la malédiction. Enfin, l’un des chameaux qui voulait s’abreuver à un puits tout proche est tombé raide mort.

Les Etoiles Errantes :



Ce livre existe en deux versions dans ce scénario, l’une, disponible à la bibliothèque de l’institut Champollion, est une copie, en français, de quelques passages jugés importants, entrecoupés de pompeuses analyses universitaires qui rendent sa lecture pénible. Bien que cette brochure fasse plus de 400 pages, la lire intégralement n’aura aucun intérêt pour les investigateurs, si ce n’est qu’ils obtiendront +1% en archéologie, +1% en anthropologie et +3% en égyptologie.
L’autre version se trouve à la bibliothèque nationale Richelieu, le bibliothécaire de l’Institut Edgar Manault pouvant orienter les investigateurs vers ce livre. Il se présente sous la forme d’un grimoire à reliure de cuir craquelée, en arabe ancien ; la couverture est ornée d’une plaque en argent noircie qui porte le titre. Il traite de la civilisation égyptienne, de ses balbutiements à l’an 1653. Des jets en bibliothèque à -20% permettent de trouver directement les passages concernant la Nubie, l’ouvrage comptant tout de même quelque 700 pages.

1) pages 458-459 :
"Et je peux affirmer que le scarabée Amon-Rê, qui roule l’astre solaire entre ses pattes, était également adoré des Nubiens qui lui prêtaient la vie éternelle. Les sorciers nubiens élevaient tous des scarabées et les chérissaient comme leurs propres enfants, afin de voir leur vie prolongée aussi loin que celle de l’insecte. D’où la devise qu’ils lui associaient : Amon est le maître de ma vie."

2) pages 539-540 :
"Les Nubiens refusaient de se faire momifier, si bien que leur âme ne reposerait jamais auprès de Râ. Et comme un jour le prince nubien Akhtoum avait renvoyé une délégation de diplomates égyptiens, un grand malheur s’abattit sur lui. Son corps se dessécha et jamais il ne tomba en poussière, car en vérité Seth et ses frères démons avaient visité sa chambre et volé sa vie, et ce jour-là le scarabée familier du prince Akhtoum s’enfuit."

A la recherche du professeur Fougère :



La chambre du professeur à l’Institut est verrouillée, mais la serrure facile à déjouer (serrurerie à +10%). De nombreux signes montrent qu’il l’a quittée précipitamment, ou du moins sans réfléchir à ce qu’il faisait : il a laissé sur son bureau son portefeuille avec tous ses papiers d’identité, ainsi qu’une pince à billets qui renferme 50 francs en coupures neuves de 10. Le lit est ouvert ; sur l’oreiller, on remarque une grande tache rouge circulaire. Un jet en Médecine révélera que ce sang a été versé à une période correspondant à la nuit du vol. Les quelques livres des étagères, traités d’archéologie et d’histoire, sont renversés ou au sol. Des notes griffonnées à la hâte sont éparpillées sur le bureau :
"N’est pas mort qui a jamais dort écrivait Hâl-Azred ; je commence à comprendre cette phrase de l’Arabe dément."
"Mes diables de commanditaires peuvent aller rôtir en enfer. Il est à moi."
"Chercher des documents sur les rites anciens. Si je réveille la bête, peut-être m’accordera-t-elle son pouvoir ?"
Pour chaque 5 minutes passées dans la chambre, il y a 80% de chances d’être interrompu par la femme de ménage, Lisa, qui possède les clés. En voyant la tâche de sang elle risque de s’affoler, mais il est facile de la rassurer par un jet en Baratin. Si de plus un jet de Persuasion est réussi, et qu’on lui demande si elle a une idée de l’endroit où est allé le professeur, elle répondra que quand celui-ci veut s’isoler pour travailler à un livre ou à une thèse, il descend à l’hôtel du Chat Noir, à quelques pâtés de maison de là.
Le réceptionniste de cet hôtel modeste s’est fait copieusement arroser et ne sait rien dire d’autre que : "Nous n’avons personne à ce nom." Sans même jeter un oeil à son registre. Cependant, toute démonstration de violence lui rendra sa docilité et sa diligence. Fougère se trouve dans la chambre 06. Il a verrouillé sa porte et refuse de répondre si on l’interpelle. Un jet en Ecouter permettra de surprendre des gémissements, comme si quelqu’un à l’intérieur endurait un odieux supplice.
Si les investigateurs entrent, ils trouveront le professeur debout au milieu de sa chambre, la moitié du visage dégoulinante de sang et couverte de croûte. Un trou béant s’ouvre dans sa tempe. Il se rue sur tout ce qui bouge, armé d’un couteau de boucher, en hurlant comme un forcené.

Professeur Francis Fougère :
FOR 11 CON 09 TAI13 INT 17 POU 15 DEX 08 APP 05 EDU 19 SAN 00 11PV,
Couteau 35% 1d6+1 pts d.

Dès qu’il reste au professeur moins de 6PV, sa tête explose dans un flot de sang écœurant (1d2/1d8 SAN) et le scarabée s’en extrait rapidement en battant des élytres. Il parvient à s’enfuir en brisant la fenêtre sur laquelle il fonce.

Une secte est impliquée :



L’enquête devrait ensuite piétiner, jusqu’au lendemain, tandis que les investigateurs sont de nouveau convoqués à la gendarmerie. A l’intérieur, ils rencontrent l’inspecteur Lloyd Speaker, agent de la Couronne d’Angleterre. C’est un homme d’une cinquantaine d’année, grand mais fortement courbé au niveau des épaules, comme si une vie à chercher des indices au sol l’avait brisé. Il porte une longue moustache blonde qui pend mollement de chaque côté de son menton pointu, et de petites lunettes rondes cerclées de fer, avec des verres épais.

Inspecteur Lloyd Speaker :
FOR 10 CON 16 TAI 13 INT 18 POU 14 DEX 12 APP 11 EDU 18 SAN 69 15PV,
Canne-Epée 65% 1d6 pts d.
Carabine à levier 40% 1d8 pts d.
[Compétences] Suivre une piste 85%, Trouver Objet Caché 85%, Médecine Légale 20%,
Mener une Enquête 95%

Ce personnage est très réputé dans son pays. Il a commencé sa carrière en 1890 à 20 ans à peine en pourchassant Jack l’Eventreur dans les rues embrumées de Londres. Bien que l’assassin n’ait pu être appréhendé, il y a pris goût pour les enquêtes, a appris la patience et la persévérance. Il se sent donc investi d’une mission pédagogique, et donnera le plus de conseils possible aux investigateurs. En ce qui concerne l’enquête en cours, il a des informations à révéler, c’est ce pourquoi il est ici. A Londres il vient de démanteler une secte adoratrice d’Amon, qui s’était rendue coupable d’empoisonnement sur des égyptologues britanniques (les journaux à sensation avaient alors parlé de malédiction). Parmi les pièces à conviction, une laisse supposer que la secte aurait des ramifications en France ; il s’agit d’une courte lettre :

’’El Cairo, 23 août 1923. Chers collaborateurs, je crois avoir découvert l’objet de votre convoitise. Je rentre à Paris pour le déposer à votre ambassade du quartier Mont-Désert.
F.F.’’



L’entretien a lieu dans une pièce assez spacieuse de 8m par 8m, comportant six tables carrées munies chacune de quatre chaises qui se font face deux à deux. D’autres gendarmes, cinq ou six, sont présents et vaquent à leurs occupations, remplissent des rapports ou discutent. L’un d’eux cependant est seul, il tourne le dos aux investigateurs. Un jet en Ecouter permettra de remarquer qu’il écoute leur conversation avec l’inspecteur de manière indiscrète. S’il est interpellé, il se lèvera et disparaîtra rapidement sans être inquiété par les autres gendarmes. Les investigateurs auront le temps de reconnaître Thomas Azelequin, qui la dernière fois jouait les reporters vautours.

Les entomologistes amateurs :




Le quartier Mont-Désert n’est pas très vaste, et c’est heureux car les investigateurs vont devoir procéder de manière empirique pour repérer tout ce qui ressemble de près ou de loin à un lieu de culte. Il appartient alors au Gardien de multiplier les fausses pistes en décrivant des quantités de bâtiments délabrés ou au contraire lourdement décorés dans un style criard, qui ne cachent rien de plus que des maisons closes, des squats d’artistes ou des fumeries d’opium.
L’un de ces bâtiments "louches" est le siège de ladite association. L’immeuble semble particulièrement riche, l’extérieur étant recouvert de panneaux de granit noir et blanc polis, avec une plaque dorée mentionnant "Association des Entomologistes Amateurs" et un linteau de marbre gravé d’un scarabée qui surmonte l’épaisse double porte de bois tropical. L’intérieur est tout de boiseries et de cuir matelassé, des tapis persans au sol et des lustres de cristal au plafond. Le hall d’entrée vaut celui de la Gare de Lyon, et le réceptionniste, qui se tient droit comme un i, à l’air minuscule, perdu derrière son comptoir au milieu de cet espace. Dès qu’on l’approchera, il déclamera :
"Vous êtes bien monsieur xxx (en donnant le nom exact de l’investigateur le plus proche) ? Le Collectionneur vous attend. Son bureau se trouve au fond de ce couloir, sur la droite." Il ne répondra à aucune autre question.
A l’intérieur du bureau précité, un vieil homme penché sur une grande table effectue un travail minutieux : il épingle des papillons semblables et néanmoins différents sur une planche pour mettre en valeur le dimorphisme. L’intrusion des investigateurs ne semble le troubler aucunement. Il a le teint jaune, les cheveux blancs et disposés en couronnes, des yeux bleus extrêmement pâles, un visage carré dur et de grandes lunettes à monture dorée.
"Je vous attendais... commence-t-il pour couper court à toute question. Monsieur Fougère avait dérobé un bien précieux mais tout est rentré dans l’ordre à présent. Merci de nous avoir aidé dans nos recherches, vous pouvez disposer." Il se tourne vers une commode et en sort le scarabée d’or, immobile, dans un écrin de soie. "Cette merveille est à l’abri maintenant, entre les mains de professionnels qui sauront en prendre soin."
Si on tente de poursuivre la conversation plus avant, la mine du Collectionneur se fera plus sombre :
"Voilà ce que vous êtes : des insectes que l’on épingle sur une planche. Vous ne comprenez pas ? Vous ne pouvez rien contre moi. Disparaissez."
Le Collectionneur est effectivement intouchable. Aucun policier ne tentera quelque action que ce soit contre l’immeuble, pour la bonne raison que Le Collectionneur a des amis très haut placés. Si on pose des questions sur le vol du scarabée, la justice dira qu’il est depuis toujours la propriété de cet homme et qu’il lui revient de droit. Il n’est pas difficile de tuer Le Collectionneur, ça n’est après tout qu’un vieillard sans défense, mais les investigateurs auraient la surprise de le voir se relever indéfiniment...

Affaire classée :



Les éventuels articles d’un investigateur journaliste ne paraîtront jamais. L’Etat étouffera complètement l’affaire. Et bien sûr, si les investigateurs insistent trop, ils disparaîtront de la circulation. Une semaine après ces événements, ils seront conviés à une cérémonie organisée par le syndicat de police de Paris. Ils y seront décorés de l’ordre du mérite pour leur soi-disant contribution inestimable dans l’affaire du scarabée volé. Il s’agit évidemment d’une cérémonie fantoche, où on leur donne une médaille comme un vulgaire lot de consolation. A la fin de la journée, ils pourront même apercevoir de loin le ministre de l’Intérieur, serrant la main du Collectionneur, avant que celui-ci ne s’éclipse avec son chauffeur, qui n’est autre que Thomas Azelequin, le faux-reporter faux-gendarme.
Le Collectionneur fera un idéal personnage de "méchant" récurrent, qui apparaît dans la moitié des scénarios et aura toujours une longueur d’avance sur les joueurs. Il pourrait s’agir d’un puissant occultiste, à moins que ce ne soit Nyarlathotep en personne...


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