Malraux disait que le 21ème siècle serait religieux ou ne serait pas. Et les hommes sont des gens bien difficiles à couper de toute spiritualité.

Night City ne se présente pas comme le meilleur endroit pour pratiquer un culte, mais au sein des AltCults, de nombreux membres tentent de pratiquer une religion sans renier les mèmes pour lesquels ils se battent.

Les lieux de culte physiques peuvent difficilement perdurer sous l’action des nanoconstructeurs, c’est pourquoi les informaticiens ont commencé à proposer des substituts : des lieux de culte virtuels.

Nouvelles époques, nouvelles tendances... Si la Matrice n’existe plus, des netrunners ingénieux sont arrivés à connecter des parties des datapools de chaque AltCult entre elles, pour échanger des données au départ.

Et puis rapidement, des néo-corpos se sont intéressés à cette initiative, notamment pour lancer des jeux illégaux. Des paris bien sûr, mais aussi des jeux virtuels massivement multijoueurs.

Le phénomène s’est encore amplifié quand les religieux se sont mis à proposer leur propres univers virtuels en guise de lieux de culte. Au programme, des secondes vies dans des environnements communautaristes.

Les religions n’ont plus besoin d’argent puisqu’elles n’ont plus de lieux de culte, en revanche, ceux qui prennent la place de leaders de communauté reçoivent de nombreux dons de toute nature en échange de bonnes paroles, de prières envoyées sur les Agents et de relations publiques. Les néo-corpos et mafias ont vite compris la nouvelle manne de ces religions version 203X, et veillent sur leurs intérêts avec diligence.

Le problème, c’est que le secret autour de ces dérives des DataPools devient très difficile à garder, au vu du pourcentage important à l’utiliser : personne ne dit rien, mais chacun sait globalement comment ca fonctionne (un peu comme les drogues douces à la fin du 20ème siècle).

Les grandes figures des différentes AlterCultures ferment les yeux tout en redoutant la chute de leurs DataPools et le piratage de leurs données. Ces installations pirates persistantes sont appelés Nexus par les spécialistes.

Ces réseaux illégaux, détenteurs de millions de connexions par jour, sont les réseaux sociaux de demain. Si les DataPools véhiculent les informations officielles, contrôlées par les dirigeants des Enclaves, les Nexus entreposent la plupart du temps des informations personnelles, intimes même parfois. Car celui qui transgresse les règles d’utilisation des DataPools, sans doute exalté par le sentiment de liberté né de son acte, ne se pose aucune question sur qui exploite les informations des Nexus, il cède à ses pulsions, son envie du moment.

Les Néo-Corpos se frottent les mains, mettant en place de nombreuses Opérations Noires à coups de chantage et de secrets monnayables : faire des confessions dans un programme, consommer du cybersexe ou tout simplement faire des paris illégaux peut intéresser la police, votre AltCult, mais aussi un paquet d’abrutis sans vergogne aux dents longues...

Les Néo-Corpos veillent sur les Nexus comme à la prunelle de leurs yeux, c’est souvent leur unique point d’entrée dans les enclaves. Les Netrunners qui les mettent en place sont étroitement surveillés, mais peuvent se faire des fortunes en faisant du recel d’informations : ce sont généralement les meilleurs indics que vous pourrez trouver.

Les plus avides d’argent ne vivent guère longtemps, abattus par la corpo à cause d’un mot de trop ou par leur AlterCulture pour leur trahison. En revanche, certains d’entre eux ont beaucoup de Giri et également un code d’honneur plutôt strict : ceux là sont souvent incorruptibles, et ont acquis un rôle important dans la maintenance et l’exploitation des Nexus.