Ce week-end, scénar de 12 heures dans la nuit de samedi à dimanche de ma campagne
Goule avec trois PJ (Dominic, Doug et Dwayne).
Mes inspirations sur cette partie ont été :
- Le documentaire
Pornocratie d’Ovidie ;
- Le livre
Françalgérie, cimes et mensonges d’Etats de Lounis Aggoun et Jean-Baptiste Rivoire ;
- La lecture de différents articles sur l’interdiction du porno en Chine, sur le contrôle d’internet dans ce pays et sur l’exportation du système chinois de contrôle d’internet à l’Algérie.
Et j’ai mis dans mon scénar du porno, du cannibalisme, une créature issue des légendes chinoises et de l’actualité internationale contemporaine parce que faire du gros racolage qui tâche avec un vernis culturel, c’est un peu ma marque de fabrique.

La partie se déroule en septembre 2015 et commence en Algérie à Oran, où Dominic attend un détective privé algérien qu’il a engagé.
En effet, dans une partie précédente (
celle là), ce PJ avait découvert qu’une de ses ex-compagne – Jane - avait très mal tourné après qu’il l’a largué sans ménagement en 1997. Elle travaille désormais pour un des adversaires des PJ, le culte de Mammon, un groupe sectaire vouant un culte à l’argent et se comportant comme un collectif flou d’entités économiques près à tous les crimes pour augmenter ses profits (secte que les PJ ont rencontré pour la première fois
à cette occasion). Plein de remords pour la façon dont il l’a laissé tombée 18 ans plus tôt, sur l’impact que cette rupture a eu sur elle et soucieux de la sortir des griffes de ce rassemblement de tarés, Dominic la recherche (hors scénar) et découvre qu’elle s’est rendue plusieurs fois en Algérie. Incapable de mener efficacement des recherches dans ce pays dont il ne parle pas la langue, il engage un privé pour mener des recherches.
Ce dernier mène son enquête et délivre régulièrement des informations à Dominic. Mais début septembre 2015, le privé contacte Dominic, lui déclarant, paniqué, qu’il a trouvé quelque chose de très gros, que sa vie en Algérie est menacée et qu’il ne donnera les informations à Dominic que si ce dernier l’aide à quitter l’Algérie. Le privé exige aussi que Dominic vienne seul.
Doutant qu’une personne puisse demander à être exfiltré d’un pays par une seule personne, Dominic sent le piège mais se dit que le privé a réellement dû découvrir quelque chose et il veut cette information. C’est donc couvert discrètement par Doug et Dwayne (entrés clandestinement en Algérie via le Maroc avec armes et matériel – ça aide d’être associé à un gros trafiquant de cannabis du Rif marocain) qu’il rencontre son privé… et dès que le privé identifie Dominic en lui serrant la main, ce dernier se fait alpaguer par quatre agents du
DRS algérien, la très dangereuse police politique algérienne.
Dominic, Doug et Dwayne règlent ce contretemps avec leur délicatesse habituelle et prennent la fuite avec le privé. Ce dernier, qu’ils aident à passer au Maroc, leur explique qu’il a été obligé de participer au piège après avoir été arrêté par le DRS alors qu’il opérait une filature de Jane et d’un de ses contacts algériens et qu’il les a vus avec le général
Athmane Tartag, le tout nouvellement nommé patron du DRS algérien. Le privé leur apprend également que le contact algérien de Jane et du général Tartag fait de fréquents allers-retours à Marseille où il est connu comme agent immobilier.
Les PJ décident de partir dans la cité phocéenne et découvre sur place que « l’agent immobilier » a supervisé sur place l’organisation d’un attentat soi-disant islamiste contre un centre communautaire juif de Marseille en utilisant comme kamikaze un petit délinquant souffrant de déficiences mentales. Les PJ ne peuvent empêcher l’attentat qui n’atteint toutefois pas sa cible apparente puisque le kamikaze explose à proximité du centre communautaire, à la terrasse d’un café tout proche, tuant seulement un client qui se trouvait là.
Pour les autorités françaises à qui les organisateurs des attentats ont laissé toutes les preuves nécessaires et les revendications qui vont bien, l’histoire est assez limpide : un jeune délinquant débile se fait récupérer par des jihadistes et envoyer contre un centre communautaire juif mais, constatant que le centre est protégé par la police, il panique et déclenche sa ceinture tout près de sa cible, ne faisant qu’une victime.
Mais, par leur enquête, les PJ comprennent pour leur part que l’attentat n’était qu’un leurre et la seule cible était le client en terrasse : Thomas Ottey, un ancien acteur porno US, ayant subi un internement psychiatrique un an auparavant, et à qui quelqu’un avait fixé un rendez-vous précisément à ce café. En enquêtant sur lui, les PJ découvrent que ses seuls contacts téléphoniques récents étaient un acteur porno français adepte du New Age, la documentariste,
Ovidie – qui est en train de travailler sur son documentaire « Pornocratie » (sorti en 2017) – une mystérieuse jeune femme franco-chinoise et un inquiétant américain.
A partir de ce moment là, les PJ doivent comprendre ce qui relie l’ex-compagne de Dominic, la secte de Mammon, les généraux algériens et le monde du porno.
Un point sur l’histoire derrière tout ça s’impose.
Quand les PJ affrontent le culte de Mammon pour la première fois en 2011
c’était là, ils le laissent dans un état désastreux, avec un gourou décati du fait de son grand âge et un successeur désigné criblé de balles. Peu de temps après, les PJ affrontent pour la première fois (
c’est là) un autre de leur adversaire récurrent : le clan des Sainte-Rose. Cette société de nécrophages immortels, influents dans le Golfe du Mexique et les Caraïbes, cherche alors à reprendre pied sur l’archipel de Trinidad et Tobago où les PJ ont des intérêts mais la tentative va échouer. Toutefois, lors de cette opération ratée, un membre de la famille Sainte-Rose avait pratiqué sur un proche des PJ (un ex-PJ) « l’ingestion » - un rituel permettant aux nécrophages dévorant vivant et à petit feu un humain de pouvoir ensuite prendre son apparence à volonté et de disposer de tous ses souvenirs. Par ce biais, la matriarche et fondatrice de la famille Sainte-Rose, Antoinette Sainte-Rose, a appris l’existence du culte de Mammon, de son gourou affaibli et de ses immenses réserves en capital. L’occasion est trop belle et Antoinette retrouve le gourou et « l’ingère ». Si elle croit alors seulement apprendre où se trouvent les réserves de cash du culte, elle va en réalité s’ouvrir à une toute nouvelle conception du monde et adopter beaucoup des principes et de l’idéologie de sa victime ; abandonnant la logique territoriale, féodale et clanique qui était la sienne, pour adopter une optique mondialisée, et un néolibéralisme et un darwinisme social déviant à la sauce nécrophage. Sa monstruosité aristocratique old school venait alors d’entrer dans le XXIème siècle.

Par la suite, Antoinette ne parviendra pas à convaincre la majorité de son clan des bienfaits de ses nouvelles conceptions idéologiques et cela va aboutir à une guerre civile au sein des Sainte-Rose dont les PJ vont voir les effets (
ici et
là) et dont Antoinette sortira victorieuse après avoir éradiqué systématiquement la totalité des nécrophages qui ne se ralliaient pas à elle (c’est-à-dire, la majorité du clan).
Par conséquent, si les PJ ont conscience d’affronter le culte de Mammon, ils ignorent que ce dernier a muté en quelque chose d’infiniment plus dangereux que ce à quoi ils croient avoir affaire.
Tout en organisant l’annihilation de ses opposants au sein de la famille Sainte-Rose, Antoinette a supervisé la poursuite des activités du culte de Mammon et notamment un des vieux projets de cette organisation : prendre le contrôle du très lucratif marché de la vente illégale de porno en Chine, Marché au potentiel infiniment rentable du fait de sa surpopulation masculine et de l’interdiction légale de toute pornographie dans le pays.
Pour cela, l’organisation a :
- Pris le contrôle réel de la multinationale du porno
Mindgeek lorsque son patron d’origine
Fabian Thylmann a été accusé de fraude fiscale en décembre 2012 et a vendu ses parts en octobre 2013. Les PDG actuels ne sont plus que des prête-noms et c’est le culte de Mammon qui est derrière cette société.
- Développé des films pornographiques spécifiques pour le marché chinois avec le concours d’un expert, (Judicaël Richebourt), spécialiste de l’érotisme chinois et qui a pris la tête d’un laboratoire de recherche pseudo-universitaire, basé à Marseille, sur la culture chinoise et sa pensée contemporaine.
- Tourné ces films - avec des acteurs parlant le mandarin (réduit à l’état d’esclaves sexuels) et adoptant les codes spécifiques de l’érotisme ou du cadre de vie chinois - dans un studio discret, à Nicosie, avec les moyens de Mindgeek.
- Commencé à vendre ces DVD en Chine via Hong Kong en passant par la triade des
14K qui constatent que les produits plaisent bel et bien.
- Planifié une diffusion en masse en se passant des supports physiques et en passant par internet en utilisant des failles dans le système de protection du web chinois. Pour cela, le culte s’appuie sur les connaissances de ce système de censure dont disposent les généraux algériens qui utilisent eux-aussi cette technologie pour la censure dans leur propre pays et dont les experts ont été formés par des informaticiens chinois. En récompense, les généraux algériens reçoivent leur part des profits et un coup de pouce qui a permis au général
Athmane Tartag de remplacer à la tête du tout puissant DRS le supposé inamovible général
Mohammed « Toufik » Médienne.
Mais à ce projet très « Mammon », Antoinette rajoute une touche beaucoup plus « Sainte-Rose ». A cette quête de profit va donc s’ajouter deux objectifs complémentaires :
- La sélection de nouveaux nécrophages par la sélection d’individus fantasmant sur le cannibalisme ;
- la banalisation de cette pratique dans l’inconscient et les représentations collectives via le porno.
Pour travailler sur cet aspect spécifique, Antoinette engage un spécialiste de l’influence des médias sur les comportements humains (Franck Oostermann) qu’elle corrompt et transforme progressivement en nécrophage. Antoinette lui alloue des moyens importants pour s’arranger pour que le cannibalisme apparaisse sous un jour fascinant dans la pop culture (lobbying discret auprès de scénaristes pour orienter tel ou tel épisode d’une série télé, « suggestion » de chanson à des groupes de rock, idée de reportage complaisant à de magazine de faits divers sur des cas réels, promotion de livres sur les cas
Issei Sagawa ou
Armin Meiwes, etc.). A la demande d’Antoinette, il scénarise également des moyens métrages d’horror porn (les « Creepy Sex Tales ») dont certains traitent du cannibalisme (l’idée étant ensuite de tracer les adresses IP de ceux qui les téléchargent et voir s’ils ont un profil intéressant).
C’est sur le tournage d’un épisode des « Creepy Sex Tales » en 2013 que ce plan connait un premier accroc. Alors qu’Oostermann (qui n’est pas encore devenu un nécrophage) est accompagné par une nécrophage venue étudier le travail réalisé, l’un des acteurs – Thomas Ottey – se révèle être un des rarissimes humains capables de voir les Sainte-Rose non pas avec leur apparence humaine mais comme les monstruosités qu’ils sont. Thomas Ottey attaque le monstre mais est rapidement maitrisé, déclaré irresponsable, il est envoyé en hôpital psychiatrique. Thomas est rapidement convaincu qu’il n’est pas fou mais qu’il doit admettre avoir eu une hallucination pour pouvoir sortir. Il trompe les psychiatres mais pas les Sainte-Rose qui le gardent à l’œil.
Thomas s’intéresse aux affaires surnaturelles et se rapproche, via un forum du dark web, d’une bande de vrais chasseurs de monstres. Les Sainte-Rose décident d’organiser un « accident » pour éliminer cette menace (une intoxication au monoxyde de carbone en déréglant son appareil de chauffage) mais le ratent. Suite à cette tentative d’assassinat raté, la crédibilité de Thomas augmente un peu dans les cercles ésotériques et les Sainte-Rose craignent qu'ils finissent par convaincre des gens vraiment dangereux de s’intéresser à eux.
Dans le même temps, Thomas Ottey enquête sur Franck Oostermann et découvre qu’il est en contact avec Judicaël Richebourt, le spécialiste de l’érotisme chinois. S’intéressant à cette piste, il séduit la secrétaire de Richebourt, une jeune franco-chinoise, afin d’en savoir plus sur ce qui se trame et il rallie la jeune femme à sa cause. Disposant grâce à elle d’informations sur Mindgeek et le porno en Chine, Thomas Ottey se dit qu’il n’arrivera sans doute jamais à convaincre un monde rationaliste de l’existence de monstres mais peut faire tomber Mindgeek sur la diffusion illégale de porno en Chine. Via un de ses anciens collègues dans le monde du X, il entre en contact avec la documentariste Ovidie qui a commencé à travailler sur Mindgeek pour son documentaire Pornocratie.
Mais les Sainte-Rose retrouvent Thomas et comprennent son plan. Ils décident de le supprimer mais, craignant qu’un assassinat direct achève de crédibiliser Thomas Ottey parmi les chasseurs de monstres, ils utilisent leurs connexions algériennes pour l’éliminer via un faux attentat dont il devra être une « victime collatérale ».
Au préalable, Antoinette Sainte-Rose utilise ses capacités en sorcellerie pour régler le cas de la jeune secrétaire de Judicaël Richebourt en la faisant posséder de force par
un esprit renard. Désormais possédée, la jeune femme fixe le rendez-vous fatal à Thomas Ottey à côté du centre communautaire juif et attend son heure pour supprimer tous ceux à qui Thomas a pu parler ou qui ne croirait pas à la version officielle de l’attentat.

Ce sont tous ces éléments que les PJ ont dû appréhender au cours du scénario. Successivement :
- Ils vont être manipulés par la secrétaire possédée qui va essayer de les livrer à la Camarilla,
- Affronter la possédée et parvenir - non sans mal - à la tuer (mon inspi pour ce combat c’était
Lady Deathstrike dans X Men 2) ,
- Mener un interrogatoire sur un tournage de X,
- Affronter un chasseur de monstres, ami de Thomas Ottey peinant à faire la différence entre le Mal et le moindre mal,
- Découvrir la localisation du lieu de tournage à Nicosie,
- L’attaquer et découvrir qu’Antoinette Sainte Rose est désormais à la tête du culte de Mammon,
- Devoir maitriser une Jane à son tour possédée par l’esprit renard et la « libérer » (ce qui impliquait de détruire un tatouage de Jane permettant la possession… et enlever le tatouage d’une personne, en plein combat, en évitant de se prendre des coups de griffe, ça donne vite un résultat un peu sale… surtout quand pour enlever la peau on a que ses dents ou un bout de métal un peu coupant).
Les PJ sont parvenus à récupérer une Jane salement blessée et en état de choc et Dominic ne sait toujours pas ce qu’il va en faire. Les PJ savent aussi que deux de leurs adversaires ont désormais fusionnés et sont plus dangereux que jamais.
J’ai beaucoup aimé cette partie. Si, en tant que MJ j’ai trouvé la partie enquête un peu trop linéaire, mes joueurs m’ont dit qu’il l’avait bien aimé. En revanche, tout comme mes joueurs, j’ai vachement aimé le final et le fait de laisser un des PJ avec une Ex traumatisé (et globalement hostile !) sur les bras ouvre des perspectives de parties à venir intéressantes.
Contraint par ses joueurs à être le Luc Besson du JdR.
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