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Racaille sur les Mers !

La pègre des archipels

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mercredi 15 janvier 2003, par thunk

Je vous vois venir avec vos théories toutes faites. "Dans leurs îles, ils ont tellement peu de contacts entre eux qu’ils sont exempts du fléau du crime organisé, les bienheureux." Pas de frontières, pas de trafic, c’est bien ce que vous pensez, monsieur-le-continental-qui-a-tout-vu ? Eh bien vous vous fourrez le doigt dans l’oeil ! Dans nos ports rôdent les malandrins les plus vicieux, les coupe-jarrets les plus sanguinaires et les génies criminels les plus retors ! Et nous en sommes fiers ! Enfin, pas exactement fiers, mais disons que
nous les aimons. Que nous reconnaissons leurs mérites. Ou plutôt leurs qualités. Non, ce n’est pas exactement... Ah, mais vous allez me laisser tranquille avec vos questions à la noix, oui ?

Hual Bouffeur d’Ecume, à un touriste curieux

Turfs à la Dérive

Les Archipels sont composés de centaines d’îles errantes, des
morceaux de roche flottant au gré des courants selon des cycles
plus ou moins bien connus de leurs habitants. Avec les siècles,
des civilisations très variées se sont développées sur chacune
de ces îles, donnant naissance à un patchwork contrasté de
peuples et de cultures.

Difficile dans ces conditions d’imaginer comment des
organisations criminelles internationales auraient pu se
développer. Dans les Archipels, point de Guilde des Rubans Roses
d’Eauprofonde ou de Camaraderie Cramoisie de Greyhawk [1]. Dans un monde où le maître mot est "isolation", les
groupes de malandrins n’ont pu se développer qu’à petite
échelle. Il existe cependant quelques exceptions à cette règle,
que nous détaillerons dans le présent article. Voici ce qui dans
les Archipels se rapproche le plus de la traditionnelle guilde
de voleurs.

Pirates !

Débarrassons-nous tout d’abord de l’évidence. Qui dit archipels
dit océan, et qui dit crime sur l’océan dit pirates. Parlons
donc des pirates. La profession compte plus que les multiples
gagne-petits, forbans asociaux et honnêtes capitaines ne
rechignant pas sur un petit abordage pour arrondir les fins de
mois. Les risques pour qui se lance dans la libre entreprise
étant innombrables, de nombreux gens de mer s’organisent en ce
que l’on nomme des "fratries des flots".

La *Flotte Libre* est la plus vaste de ces organisations.
Supposément basée à Kargir, patrie du libre-convoyage (un des
euphémismes employé par des gens qui ne supportent pas d’être
accusés de piraterie), cette puissante fratrie regroupe toutes
sortes de capitaines las de subir le joug des puissants. Epris
de liberté, ces hommes, ces femmes et ces kobolds se sont
affranchis de toute autorité autre que celle du capricieux dieu
des mers. Plus de castes, plus de lois, plus de taxes ! A une
longue et ennuyeuse servitude, ils préfèrent une courte mais
passionnante aventure.

Nul ne sait trop comment est organisé le commandement de la
Flotte, mais si on se base sur le mode de vie éminemment
démocratique des fratries des flots, on peut imaginer qu’un
conseil constitué des capitaines les plus influents (sans doute
désignés par l’ensemble des membres de la Flotte) élit un Grand
Capitaine chargé de faire appliquer les décisions dudit conseil,
que nous nommerons par exemple Assemblée de la Dunette. Ses sept
membres (approximativement) se réunissent, disons trois fois par
an principalement pour régler les conflits entre capitaines et
décider des alliances et des contrats d’envergure. Les ordres
sont ensuite répercutés aux capitaines par bouche-à-oreille [2].

Le but d’une telle organisation est non seulement de protéger
ses membres des actions punitives des nations dans les eaux
desquelles ils sévissent, - de façon purement dissuasive, dans
la plus pure tradition du "si tu me coules un navire, je t’en
coule dix" - mais également d’éviter tout conflit entre gens de
mer affiliés. Quiconque hisse le pavillon écarlate des
libres-kargiriens s’engage à éviter de nuire aux autres navires
de la Flotte, et si possible à coopérer avec eux.

Un complexe système de partage du butin a d’ailleurs été
récemment mis en place pour encourager l’entraide entre capitaines.

À partir de là, il est relativement fréquent que plusieurs
équipages fassent cause commune pour s’attaquer à des proies
trop bien défendues, comme les convois que les marchands
vendrestois font escorter par leurs redoutables carnacés. Quand
un capitaine veut requérir l’assistance d’un de ses confrères,
il fait passer le mot dans les bouges mal fréquentés des
quartiers portuaires. Dans les établissements véritablement
acquis à la cause de la Flotte, (et où les autorités locales ne
viennent pas fouiner) il peut choisir de clouer un morceau
d’étoffe écarlate à une poutre, après y avoir inscrit sa marque
et la date à laquelle il viendra expliquer son affaire. Le jour
venu, tous les capitaines présents se voient proposer une part
du butin.

Malandrins Insulaires

Mais tous les voleurs et escrocs des Archipels ne détestent pas
l’autorité au point de renoncer au confort de leur île. En
fouillant bien les tavernes sordides des bas-fonds, on découvre
que de nombreuses villes ont leurs petits groupes de criminels
plus ou moins organisés et spécialisés. Parmi ces innombrables
micro-guildes, certaines organisations se démarquent par leur
originalité ou par leur taille.

Le *Syndicat des Barboteurs* de Crachefer appartient à la
première catégorie. Unique guilde de voleurs de Crachefer,
l’île-forteresse naine, cette organisation existe dans la
clandestinité la plus totale. Les seigneurs nains qui vivent
cloîtrés entre leurs murs de métal se targuent d’avoir éliminé
tout crime de la cité extra-muros où vivent tous les
non-barbus.Il fut une époque où tout semblant d’association de
malfaiteurs était fermement (et littéralement) jetée à la mer
par la garde, ce qui eut pour effet d’éradiquer tout le crime
organisé de la ville [3].

Mais depuis plusieurs années, des rumeurs concernant le fameux
syndicat circulent dans les milieux bien informés. La raison de
ce retour du crime dans les bas-fonds extra-muros ? Certains
chuchotent que le Baron des Barboteurs serait en cheville avec
les nains...

La *Guilde des Contrebandiers* de Quandionne se classe dans la
catégorie des grandes organisations. Si elle ne s’est jamais
étendue au-delà des rivages de l’île étoilée, c’est parce
qu’elle n’en éprouve pas le besoin : ses clients viennent à
elle. Véritable force politique au sein des comptoirs marchands
quandionnais, la guilde a pour ainsi dire pignon sur rue.

Ses capitaines sillonnent le Grand Océan à la recherche de
marchandises rares, magiques ou interdites pour le compte de
clients fortunés. À Quandionne, tout le monde trafique avec les
contrebandiers : les gouverneurs vendrestois, les ambassades
d’autres îles, les mercenaires elfiques, les délégations
religieuses. Tous ont quelque chose à vendre ou à acheter. Bien
à l’abri dans les galeries qui truffent les falaises du c ?ur de
l’île, les trésors de la guilde n’attendent qu’un acquéreur.

Les *Génies du Crime* constituent un phénomène à part. Réticents
à appartenir à toute forme d’organisation et trop ambitieux pour
se contenter de travailler seuls, ils forment leurs propres
réseaux aux buts extrêmement variés mais uniformément insensés.
La plupart de leurs plans ne résistent pas à leur première
application pratique [4], mais il arrive que certains génies rencontrent le succès et s’établissent en tant que maîtres criminels.

L’exemple le plus frappant est celui du nain Voktar, qui écume
les mers à bord d’un archipel mécanique peuplé de forbans,
arraisonnant tous les navires qui passent à sa portée.

Familles et Mafias

Parmi les associations criminelles des Archipels, certaines
s’étendent au-delà des rivages d’une île. Il ne s’agit pas de
réseaux centralisés et tentaculaires comme on peut en voir sur
les continents (on ne le répètera jamais assez : ce genre
d’organisation est rarissime dans nos îles) mais plutôt de
groupes qui se reconnaissent dans des buts communs et
collaborent quand l’occasion leur en est donnée.

Les *Forbans à Quai* regroupent tous les flibustiers,
libres-escorteurs, combattants embarqués et autres racailles
flottantes qui, pour une raison ou une autre, ont dû abandonner
la vie en mer. Estropiés, vieillissants, émotionnellement
instables, ils écument les ports comme ils écumaient autrefois
les mers, tabassant les marchands ivres qui rentrent seuls des
maisons de joie ou organisant de véritables opérations de
contrebande.

Les types de forbans à quai sont aussi nombreux que les jetées
sur lesquelles on les trouve. Citons par exemple, à Velêne, la
bande de Hornile Cul-de-Jatte, un demi-orque d’un âge canonique,
qui offre sa "protection" aux capitaines et aux marchands
souhaitant stocker leurs marchandises sur le port sans craindre
les accidents et les incendies. Ou à Yundalk, les hommes de Lulu
la Grise, spécialisés dans le vol de composants magiques et qui
semblent capables de piller les vaisseaux marchands avant même
qu’ils ne soient amarrés.

*L’Inter-insulaire Soutardienne* est née à Perh, une île connue
pour le système féodal dans lequel les maîtres-artisans ont
enfermé leur société. Particulièrement rigide, le susdit système
fait peu de cas des étrangers, et encore moins de ces
va-nu-pieds qui voyagent d’île en île en tant que passagers
clandestins : les autoproclamés "soutards".

Le poète Raquay Joak, excédé d’être traité comme un citoyen de
quatorzième catégorie à chacun de ses passages à Port-Perh, eut
l’idée du Manifeste Inter-insulaire des Soutards un soir de
cuite particulièrement inspirée [5]. Ce document, qu’on retrouve régulièrement placardé dans les venelles des quartiers portuaires, détaille en douze points les commandements du
soutard. Parmi les plus importants, citons "Va hardiment là où
la main du Soutard n’a jamais mis le pied", "Ne débourse jamais
un liard pour quelque chose que tu peux obtenir sans payer" et
surtout "Ne plie jamais face à l’oppresseur". Souvent
inoffensifs et rarement criminels, les soutards peuvent
toutefois se montrer très dangereux pour les oppresseurs. Et
comme ils ont tendance à voir l’oppression à chaque coin de
quai, les émeutes violentes, les rebellions contre l’autorité et
les occupations de navires ne sont pas rares.

De plus, comme ils refusent la société mercantile, les soutards
se procurent tout ce dont ils ont besoin par des moyens...
disons détournés - c’est à dire extorsion, racket, vol à grande
échelle-. Mais le progrès social n’est-il pas à ce prix ? Non,
vous ne le croyez pas ? Et bien allez le leur dire, vous !

*L’Académie des Neuf*, la prestigieuse école d’espions
d’Aberrande, n’est pas à proprement parler une organisation
criminelle. Il n’empêche qu’on peut se demander si les
danseurs-visages issus de l’Académie qui servent les influents,
protègent les riches et conseillent les puissants de tous
horizons ne formeraient pas un fantastique réseau de
renseignement, infiltré au c ?ur de chaque nation.

Si c’était le cas, Morlune Maskaar, le maître de l’Académie,
serait sans doute l’homme le plus puissant des Archipels. Mais
qui sommes-nous pour porter de telles accusations ? [6]

Tous des Voleurs et des Sorciers !

Que ce soit le fait de préjugés racistes ou non, les habitants
des Archipels voient souvent le mal dans la différence. Sur
certaines îles, pour ne pas dire presque toutes, les communautés
raciales sont régulièrement accusées des pires crimes.

Les *gnomes*, avec leurs langages secrets, leurs complexes mais
étroits liens de parenté et leurs incessants voyages, servent
souvent de boucs émissaires. Il est fréquent que les autorités
entament une enquête en perquisitionnant le quartier gnome de la
ville, et ce quel que soit le crime en question. Il est vrai que
les communautés gnomes savent beaucoup de choses.

Quelles que soient les distances qui les séparent des îles où
vivent des membres de leur famille, ils semblent toujours
connaître les dernières nouvelles de l’endroit. Il est également
prouvé que les communautés gnomes ne se soucient guère des lois
locales quand il s’agit d’importer des biens et des
marchandises. Sous prétexte "d’exception culturelle", ils
trafiquent toutes sortes de denrées plus ou moins légales au nez
et à la barbe des autorités. Quand on cherche un moyen discret
de transporter quelque chose ou quelqu’un dans les Archipels, il
est souvent judicieux de se rendre dans une taverne gnome.

Les *halfelins* ne sont pas en reste quand il s’agit de
préjugés. Leur vie nomade sur leurs hameaux à voiles, leurs
doigts agiles et le peu de respect qu’ils portent aux îliens les
mettent régulièrement en conflit avec les habitants des îles
qu’ils accostent. Souvent, seule leur réputation de sorciers et
la peur superstitieuse qu’inspirent leurs druides, maîtres des
vents marins, leur évite le lynchage. Il n’empêche que les
rumeurs d’enlèvements d’enfants et de larcins de toutes sortes
sont persistantes, et que les cambriolages sont plus fréquents
quand un hameau à voiles mouille non loin d’une ville.

Les *elfes*, bien que vivant également une vie de déracinés à
bord de leurs nefs d’artillerie, sont rarement accusés de quoi
que ce soit - du moins pas en face. Leur grande science de la
guerre et de la magie suffit à faire taire les haines
ancestrales que la plupart des habitants des Archipels éprouvent
envers ces "oreillards" - après tout, on ne sait jamais si on
n’aura pas tôt ou tard besoin d’engager un clan mercenaire pour
défendre son île.

Conclusion

Le crime dans les Archipels a autant de visages qu’il y a de
criminels, et les quelques paragraphes ci-dessus ne peuvent que
brosser un rapide portrait de ceux qu’il arbore le plus
fréquemment. Nous espérons cependant que vous aurez apprécié ce
voyage et que vous en retirerez assez de matière pour doter vos
parties des vils voleurs et des malandrins malappris qui
laisseront à vos joueurs un souvenir inoubliable !

Notes

[1Afin de protéger les innocents (et les auteurs),
certains noms d’organisations ont été habilement déguisés.

[2Le mode d’organisation décrit ici est purement
fictif. Nous ne nous risquerions pas à publier des
renseignements aussi sensibles à propos de gens si susceptibles.
Et ce même si un informateur se montrait assez imprudent pour
nous divulguer ces informations... Ne cherchez pas, un tel
inconscient n’existe pas. Nous déclinons toute responsabilité
dans les purges qui pourraient suivre la publication de cet
article.

[3On se rappelle la Grande Noyade d’Octobre, au cours
de laquelle des centaines de voleurs trouvèrent la mort, jetés
dans le port, puis assommés à coups d’ancres de marine par le
cruel Shérif Bombusse. Notez que le choix du mot "barboteur"
n’est pas innocent, puisqu’il fait autant référence au vol qu’à
la natation.

[4On ne compte plus le nombre de savants qui pensaient avoir découvert le moyen d’envoyer une île par le fond. A notre connaissance, personne jusqu’à présent n’y est parvenu. Seule
Frigola la Folle Foreuse est arrivée à détacher une minuscule
presqu’île de Brillance grâce à sa légion d’hommes-taupes. Cette
nouvelle île, dénommée Gruyère par sa propriétaire, a été vue
pour la dernière fois dérivant hors des eaux cartographiées.

[5Dans le cas de beaucoup de soutards, il est difficile de distinguer l’état dit de "cuite inspirée" de celui
« d’inspiration avinée ». Nous espérons que nos lecteurs ne nous
tiendront pas rigueur de cette imprécision qui n’est due qu’à
l’exemplaire sobriété à laquelle nous nous astreignons.

[6Personne d’assez courageux, assurément. Ces gens-là
ont des oreilles et des dagues partout.



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