mercredi 10 février 2010, par
Il est des petits sauvageons qui peuvent devenir aussi influent à leur échelle que le parrain de New York. En tant que chef de la rubrique Little Fears (un jeu où l’on joue des enfants), j’ai à coeur de toujours voir les choses en petit. Je vous propose donc de le faire avec moi, et de décortiquer comment on peut transposer une organisation criminelle dans une cour d’école.
Une pègre est une organisation qui cherche à gagner beaucoup d’argent, et qui pour cela accepte sans problème de ne pas s’embarrasser de règles de la société aussi basiques que de ne pas voler ou de ne pas tuer.
Les enfants se battent parfois pour de l’argent, mais le but d’en avoir quand on est petit est bien différent de celui des adultes. Alors que pour la mafia l’argent sert à corrompre les politiciens et les juges, chez les enfants il sert à acheter des bonbons ou le dernier jeux vidéo à la mode. En même temps on aboutit à un résultat similaire, alors que les mafieux font ce qu’ils font pour être respecter, et gagner en pouvoir, les enfants qui ont le dernier Pokémon sont sûr de jouir d’une certaine popularité une fois de retour à l’école.
Continuons dans cette direction, je disais tout à l’heure que la pègre avait tendance à ne pas être très tendre avec les personnes qui la trahissent, certain d’entre eux se retrouvent au fond d’une rivière afin de faire un exemple, et pour que les autres pensent bien à ménager les susceptibilités du Big Boss à l’avenir. Chez les enfants c’est un peu pareil, certe il n’y a pas de mort (tout du moins pas aussi fréquemment que dans les milieux troubles que nous avons évoqué plus haut) mais il y a des humiliations. Un tag dans les toilettes sur l’un des grands du CM1 peut aboutir à un « déculottage » au milieu de la cours qui laissera ce petit, ayant exprimer sa verve littéraire à côté des urinoirs, sans défense face aux moqueries à venir. Il arrive même que l’on entende encore bien des années après l’histoire de celui qui s’est retrouvé en slip au milieu de la cours.
Mais que fait la justice vous demandez vous ? Et bien là se trouve une des principales différences entre la vie de tous les jours et la cours de récréation. En général, la police, et les magistrats peuvent être corrompus. Et si ce n’est pas le cas on peut aller voir plus haut, en graissant la patte au maire. Par contre les enfants ont peu de biens qui peuvent être convoités par les adultes au point que ceux-ci seraient prêt à fermer les yeux sur ce qui se passe devant eux. D’habitude les enfants doivent faire ce qui est nécessaire pour ne pas se faire repérer par la maîtresse. Cela oblige donc les enfants à ne pas laisser de traces, et à ne pas faire de bruit. Par contre nous savons tous que l’omerta est de mise dans la cours. Souvent quand la maîtresse va voir des enfants qui sont en train de se chamailler, ceux-ci lui jurent qu’ils n’étaient pas en train de se battre. Cela a d’ailleurs pour conséquence inattendue de resserrer les liens entre ces enfants.
Mais si la corruption de la maîtresse ne peut agir par le biais de l’argent comme chez les adultes, elle peut se jouer autrement. Le chouchou de la maîtresse ne se fait pas autant punir que les autres, et l’effet pygmalion fait que la maîtresse se méfie quand on vient lui dire que son chouchou n’a pas été sage. Le version de ce dernier prévaudra souvent sur celles de ses camarades. Mais ce genre de technique marche aussi avec la famille. Il arrive en effet que la mère d’un enfant qui aime particulièrement son petit bout de chou ne voit pas que son petit démon embête tout le monde. Et la maîtresse qui n’a pas envie d’encore se retrouver face à la mère du gamin le laisse faire ce qu’il veut tant que ce n’est pas trop grave. la même genre de chose peut avoir lieu avec les grand frère. Un petit Caïd du CE1 se retrouve alors protégé par son grand frère qui est en CM2. Mais que se passera-t-il quand son grand frère partira pour le collège l’année suivante ?
Mais maintenant nous pouvons en venir à un élément particulier dans la mafia : son organisation hiérarchique. La circulation de l’argent, qui va du bas de l’échelle au parrain, en passant par les capos. Les enfants peuvent organiser des traffics d’argent, mais avouons-le, c’est quand même sympa de les imaginer en organisation criminelle à cause des bonbons, ou de cartes à collectionner. Comme dans la vraie vie, celui qui est le parrain n’est pas toujours le plus fort, mais plutôt le plus impitoyable, ou à défaut le plus craint des autres. Les légendes de chefs existent aussi chez les enfants, et le parrain est souvent accompagné d’une reputation conséquente. Ca peut-être qu’il a réussi à battre un grand alors que celui-ci faisait deux têtes de plus que lui, ou encore qu’il a mis le feu à un entrepôt. L’important n’est pas que ce soit vrai, mais surtout que ce soit cru. Cependant que se passerait-il si les parents du parrain en apprenaient un peu plus sur le « noir passé » de leur enfants ? Ils pourraient ne pas être très content de celui-ci, ou pire ils pourraient le démentir (« A mais non, ça ne s’est pas du tout passé comme ça... ») Là est une autre différence avec les adultes, c’est que les enfants peuvent toujours briser le jeu si celui-ci va trop loin. Mais le feraient-ils tous ?
Les sous-fifres qui veulent prendre la place du parrain auront peut-être intérêt à le faire. Être impitoyable est ausi une règle dans la cours d’école. Frapper en dessous de la ceinture peut-être utile. Mais cela peut aussi être catastrophique pour la réputation d’un enfant. En effet qui va vouloir jouer avec un cafteur ? Personnellement, je n’aimerais pas. Comme dans une organisation criminelle, il faut que le parrain soit à la hauteur, et qu’il sache assumer en cas de coup dur.
On peut imaginer que la cours se divise entre différents groupe d’enfant, que l’on pourrait appeler, pour jouer, des Familles. Ainsi on imagine assez bien les guerres fratricides, nécessitant des alliances entre les différentes Familles pour controller le tourniquet, ou la cage de but. La cours pouvant alors être divisée en territoire à contrôler.
On peut aussi regarder les coutumes des autres mafias. Les Yakuza demandent à leur nouvelle recrue de se couper un doigt pour montrer leur détermination. Les enfants demandent souvent des rites de passages qui, s’ils sont moins mutilatoires, sont parfois aussi cruels. On peut imaginer un tas de choses allant du symbolique échange de sang, en se piquant avec une aiguille, au ridicule passage de la bite au cirage. On peut aussi imaginé des choses très embarrassantes comme déposer un mot insultant sur le bureau de la maîtresse sans se faire prendre, ou pire : dire à voix haute à la maîtresse qu’on l’aime.
Voilà, j’espère vous avoir donné une bonne idée de ce que l’on peut faire en transposant le monde des adultes chez les tout petits. Bien sûr il y a certainement des détails qui mériteraient que l’on s’y attarde, car cet article n’est que le début de ce que l’on pourrait imaginer, et je vous propose d’ailleurs de le faire dans le forum associé.
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