Matsu Nikkei - III
lundi 29 décembre 2008, par
La suite des aventures de Matsu Nikkei.
Noburo sirotait tranquillement une soupe de miso, accoudé au bar d’un restaurant trop étriqué pour recevoir l’agitation dont elle était victime. D’un naturel solitaire, il adorait pourtant cet endroit. Il ne parlait qu’au vieux tenancier édenté, mais c’était en quelque sorte son retour aux sources ; une soupape pour ses journées bien trop remplies. De sa place, il avait une vue imprenable sur l’activité incessante de la rue ; regardant avec amusement les marchands courir après le temps qui jamais ne reviendrait. Soudain, un homme ivre trébucha sur son flanc, accrochant ses sabres dans sa chute d’un mouvement maladroit. Il s’écroula pitoyablement à ses pieds et l’implora en bafouillant des excuses incompréhensibles, mimant même quelques pleurs au passage. Noburo le regardait de son unique œil valide tirer sur son hakama avec un agacement croissant, constatant qu’il n’arrêterait son cirque qu’après avoir reçu soit un coup de pied, soit un pardon. Il opta pour un coup sec dans le ventre de l’idiot, lui faisant enfin lâcher prise.
relève-toi donc au lieu de me déshabiller vieux pervers, fit il en gloussant. L’homme au teint bilieux réprima une nausée.
Merci noble seigneur ; milles mercis…je…je suis vraiment un idiot…je…je…
Tu quoi ? Demanda Noburo dont la bonne humeur s’était maintenant évaporée. Cesse donc de te moucher sur mon pantalon. Si tu ne veux pas te retrouver vautré comme un cafard au pied des samourai, tu n’as qu’à moins picoler. Faut être débile pour boire jusqu’à se faire vomir, non ?
L’homme reprit une nouvelle fois sa posture de soumission
Oui, bien sur Lion-sama. Je…je vais rentrer chez moi maintenant. Encore mille mercis…
Sur ce, l’homme prit maladroitement la direction de la sortie, obstruée par les clients, en titubant et en se flanquant des coups sur le crâne pour se punir publiquement. Noburo secoua la tête en le regardant faire et sourit.
Ah ! Je te trouve enfin vieux renard fit une voix profonde venant de la rue. Un samourai rentra dans l’échoppe et administra une claque sur le bar.
Un thé, s’il te plait, tenancier. Commanda-il enjoué.
Le guerrier borgne se tourna vers le nouvel arrivant avec un œil circonspect. L’homme mûr était assez élégant, si l’on pouvait ignorer les quelques cicatrices qui lézardaient son visage ; et bien habillé aussi. Trop même, pour l’endroit, pensa Noburo. Ses cheveux longs attachés à la va-vite dénotait toutefois une légère faille dans l’attitude irréprochable qu’il inspirait. Le vieux Hojatsu lui ramena une tasse fumante et celui-ci resta les lèvres collées au bord pour refroidir le breuvage pendant un moment.
Tu vas enfin me dire ce que tu es venu faire ici à la fin Nikkei-san, cracha Noburo.
tu es dur à trouver Noburo-san, tu sais ?
Et bien pas assez apparemment il faut croire, répondit le borgne avec une moue déconvenue.
J’ai du passer la plus grande partie de la soirée à interroger la moitié de tes élèves au dojo. La plupart imaginaient que tu étais parti aux putes, tu le crois ca ? Toi au quartier des plaisirs. Nikkei gloussa. J’aimerais bien voir la tête que les filles feraient en te voyant.
Noburo en était définitivement certain désormais ; sa soirée était belle et bien gâchée.
Bon et bien maintenant que tu m’as retrouvé, tu vas pouvoir me donner la raison pour laquelle mes élèves souffriront comme jamais, demain.
Nikkei effaça sa bonne humeur de son visage et trempa les lèvres de sa tasse avant de continuer d’un air grave.
Je dois te conduire auprès du seigneur Karoïshi. C’est Toshiro.
Le professeur baissa les yeux vers le fond de son bol.
Il a défié Akodo Tekusai en duel, continua le taisa en soupirant. Après la bataille, celui-ci est venu le voir et l’a humilié en public. Il a fait des allusions quant à ses capacités de commandement d’une troupe. Comme c’est lui qui a perdu le plus d’homme sur le champ de bataille, il a culpabilisé et mordu à l’hameçon. Tu rajoutes à cela le fait qu’ils se détestent depuis l’enfance, et tu obtiens un duel au premier sang qu’ils ne manqueront pas de transformer en combat à mort.
Il est trop impétueux, souffla Noburo qui ne levait plus le nez de sa soupe refroidie.
Tu es le sensei de Tekusai. Tu connais son niveau. Tu penses que ton fils à des chances de le battre ?
Ils se valent dans l’ensemble, mais la colère de Toshiro sera à l’avantage de Tekusai.
Nikkei posa une main sur l’épaule du borgne.
Je crois en ton fils mon ami.
Moi aussi, fit Akodo Noburo, incertain malgré tout.
Nikkei laissa un zeni sur le bar et se tourna vers son compagnon qui se palpait tous les endroits possibles du corps, l’air interloqué.
bon sang, où ai-je mis cette bourse… ? Il resta interdit un instant et jura finalement.
foutu ivrogne ! Il m’a dérobé mon argent ! Il a feint d’avoir trébuché sur moi.
Le capitaine regardait le professeur faire un scandale dans l’échoppe en souriant.
Tu n’as qu’as le dire si tu veux te faire inviter Noburo-san.
Celui-ci lui lança un regard noir que nikkei évita soigneusement tout en pouffant de rire.
Il laissa plusieurs autres pièces sur la table et sortirent dans l’agitation continue des passants, se dirigeant vers la forme obscure et imposante du château de Kaeru Toshi.
Tous les éléments et personnages sont des marques déposées détenues par leur propriétaire. Ils sont utilisés ici sans autorisation particulière, dans un but d'information. Si l'auteur ou le détenteur des droits d'un élément quelconque de ce site désirait qu'il soit retiré, les responsables du sden s'engagent à le faire dans les plus brefs délais.
(c) 1997- 2023 SDEN - Site communautaire de jeux de rôle
Tous droits réservés à l'association loi 1901 Elfe Noir.
Les textes et les illustrations des rubriques, sauf avis contraires, sont la propriété de leurs auteurs.